Dans les coulisses de Loca Loca

Vous n’êtes pas sans savoir que nous adorons échanger et partager avec vous. Alors à peine 4 mois après l’ouverture des pop-up stores de Loca Loca, nous voulions vous faire part de nos premiers retours !
Loca Loca a voulu s’attaquer à une économie, en pleine essor, mais qui connaît son lot de problématiques, l’économie circulaire.
 
Pour commencer, nous tenions à vous adresser un grand merci. Merci pour votre présence, votre soutien et votre adhésion à nos valeurs et à Loca Loca. Mais aussi merci de partager notre initiative et notre vision autour de vous. En à peine 4 mois, de plus en plus de personnes découvrent Loca Loca, en parlent autour d’eux et nous font de supers retours. Et autant dire qu’on adore, vous nous portez à croire qu’un nouveau modèle de société, basé autour de la circularité et du réemploi des matières, est possible.
 
Mais alors que nous essayons de nous implanter dans cette économie actuelle, avec notre nouveau modèle, nous rencontrons certaines problématiques. D’abord revenons sur cette économie circulaire, qui pourrait bien être une solution à l’épuisement de nos ressources naturelles dû à la surproduction.
 
 

L’économie circulaire et le réemploi

Si l’économie linéaire consiste à produire → utiliser → jeter ; l’économie circulaire, quant à elle, remet dans le système les produits destinés à être jetés. La réutilisation des biens se fait avec ou sans transformation (réparation, recyclage). S’il n’y a pas de transformation on parle de réemploi.
 
Le réemploi, consiste à utiliser les ressources déjà produites, qui ne conviennent plus à leurs premiers utilisateurs. L’idée est de lutter contre le gaspillage en donnant une deuxième vie aux produits. C’est le principe de Backmarket par exemple pour les appareils électroniques.
 
Avec Loca Loca nous avons voulu jouer sur les deux tableaux, le réemploi et l’économie circulaire. Nous sommes partis du constat qu’il y a une quantité phénoménale de vêtements déjà produits qui continuent de s’accumuler sur le territoire. Au-delà des femmes, premières victimes des griefs de la fast fashion, ce sont les enfants qui consomment le plus de vêtements. « Consomment », car un enfant ne porte pas plus d’une saison son vêtement. Ainsi, de ses 0 à 6 ans, il en porte plus de 600.
Alors oui, un enfant, nous avons envie de lui offrir monts et merveilles. Nous achetons, nous recevons souvent, mais ils ne les portent souvent pas plus de 3 mois. Et ces vêtements s’entassent dans les placards, jusqu’à ce qu’on les donne. Dans le meilleur des cas nous les donnons à des amis, la famille, des associations de quartier. Mais dans l’autre cas nous les donnons à de plus gros centres de tri, comme le Relais. Sauf que pour la majorité des centres de tri, il n’y a que 5% des vêtements qui sont revendus, 5% recyclés, et 90% envoyés sur d’autres continents. C’est là que les problèmes arrivent. L’envoi des vêtements sur les autres continents a un impact social et environnemental désastreux. L’arrivée de ces vêtements sur les territoires ont supprimé le travail des artisant.e.s locaux, majoritairement des femmes, les entrainant dans une précarité dont il est difficile de se sortir. Les vêtements s’entassent (forment véritablement des tas de vêtements), qui polluent les sols, et vont parfois dans les mers. Et ça ce sont nos déchets.
 
Avec Loca Loca, nous avons voulu trouver une alternative à l’achat de vêtements, en incluant le fait de travailler avec les ressources fabriquées que nous avions déjà à disposition sur le territoire. En d’autres termes, nous ne produisons pas et nous privilégions les circuits courts. Nous donnons du sens.
Sauf que cette nouvelle économie que nous essayons de mettre en place, est très récente. Nous n’avons pas de repère, d’indicateur de prix, ni d’acteurs à qui se fier. Tout est à construire et à évaluer.
 
 

L’arrivée de Loca Loca sur le marché

En toute naïveté, je suis arrivée sur le marché avec mon idée de démocratiser la location de vêtements. Trop chouette. L’idée était simple, je récupère les vêtements à moins d’1€, je les loue à 1€/mois. En toute logique, ça devrait fonctionner. Sauf que ce qu’on ne sait pas, et c’est valable également pour l’économie linéaire, c’est que les frais les plus importants ne sont pas sur le produit en tant que tel, mais sur le service apporté.
Le principal problème de l’économie circulaire, c’est que nous devons apporter plus de valeur que l’économie linéaire (le sourcing un par un, l’entretien, la logistique, …) alors que la valeur perçue est bien moindre.
Prenons une robe de la fast fashion par exemple, vendue 40€. La robe en tant que telle coûte à peine 5€ à la marque, cependant, elle inclue également dans le prix les frais logistiques, de ressources humaines, de structure et de développement. Si nous la proposons à la location, le consommateur va voir qu’à 5€/mois, en 8 mois elle est rentabilisée, en moins d’une année. Sauf qu’entre les utilisations, nous devons prendre en compte :
  • L’entretien et le stockage : laver, plier, entreposer, etc
  • Les ressources humaines plus importantes à mobiliser, notamment pour la logistique : réceptionner, trier, ranger, resélectionner, envoyer, etc
  • Les frais de structure : entrepôt de stockage, process d’envoi, etc
  • Et les frais de développement : développement de nouveaux services, achat de nouveaux produits avant qu’ils soient rentables, recherches et développement pour continuer d’optimiser la gestion des ressources.
En réalité, le temps que le produit soit rentabilisé, il n’est plus « en état » pour être à nouveau proposé sur le marché. La première problématique est donc de valoriser le service, plutôt que le produit, qui est bien plus important en termes de coût.
 
Là où a été ma première erreur, c’est que je propose mon service en tant que service utilitaire pur. Je propose le vêtement à la location pour 1€ le vêtement/mois car je considère que la valeur du vêtement, une fois sorti de magasin ne vaut pas plus de 5€.
Cependant, dans mon offre, je dois prendre en compte tous les frais précédemment énumérés, ce qui veut dire qu’avant d’être rentable, il faudrait bien que nous louions 5000 vêtements par mois. Et les frais logistiques qui en découlent, sont considérables.
Pour résumer, l’offre Loca Loca telle qu’elle est conçue actuellement, repose sur du volume. Cependant le fait d’être présents en pop-up store ne nous permet pas de faire du volume, car l’installation et le transport des vêtements est un travail qui demande beaucoup de temps et d’énergie. Si nous envisageons d’être présents en ligne, ou par le biais d’un magasin physique, les frais augmentent considérablement, et notre offre fonctionnerait à perte (à chaque vêtement loué, nous perdrions de l’argent).
Il est donc temps de repenser notre offre pour axer notre valeur ajoutée au service que nous apportons, plus que sur le vêtement en tant que tel.
C’est le moment où je reviens sur ma première erreur qui est de proposer le vêtement pour sa valeur utilitaire (être vêtu). Il faut connaître, et ne pas négliger, l’aspect social du vêtement. Nos vêtements sont la première chose que nous transmettons, c’est notre premier levier de communication informelle. En un coup d’oeil, nous communiquons sur notre catégorie sociale, nos valeurs et notre personnalité. Cet argument est d’autant plus vrai pour les enfants. L’altruisme a une place prépondérante lorsqu’il s’agit des enfants, notamment des nouveaux nés. Cet altruisme prend très souvent la forme de cadeaux de vêtements neufs.
 
💡 Il est d’ailleurs intéressant de savoir qu’un vêtement neuf doit être lavé au moins 7 fois pour qu’il ne dégage plus de produits toxiques.
 
Information à part, avant d’acheter avec ses valeurs, le consommateur achète d’abord avec ses yeux. L’argument éthique mobilise, mais l’aspect esthétique, doit d’abord être rempli à 100%. La sélection des vêtements est donc super importante. Ce travail de sélection, qui prend une bonne partie du temps, doit être valorisé. Nous sommes donc en train de repenser notre offre sur la valeur du service que nous allons développer.
 
Pour cela nous avons commencé à échanger avec vous, et nous continuons à agrémenter notre réflexion avec différents acteurs du réseau lyonnais. Cette réflexion est en constante évolution et il est super important pour nous, de la co-construire avec vous.
 
 

Les enjeux de Loca Loca

Notre volonté est de créer et remplacer un modèle économique linéaire capitaliste, par un modèle circulaire créateur de valeur.
Il est très important pour nous de créer de la valeur afin de développer une économie capable de s’implanter de façon durable dans notre société et de créer les emplois de demain.
Vous l’aurez donc compris, implanter une économie circulaire dans une économie linéaire qui a déjà ses repères n’est pas chose facile. D’autant plus que lorsque nous proposons une offre construite sur des valeurs et des convictions, nous voulons qu’elle soit accessible au plus grand nombre. Cependant, force est de constater qu’il faut que nous nous dégagions des marges suffisantes, non pas pour s’en mettre plein les poches, mais pour assurer nos charges, développer et faire grandir notre concept. Nous ne sommes pas les premiers à avoir essayé de proposer une offre de location de vêtements sur le marché. L’Habibliothèque, location de vêtements haut de gamme pour femmes, créé en 2014, a fermé ses portes 4 ans après, même après avoir été présents aux Galeries Lafayette, dû au fait que leur leurs recettes n’arrivaient toujours pas à dépasser leurs charges. Tall Me, location de vêtements pour enfants s’est retrouvé avec la même problématique en 2018.
 
Avec Loca Loca, nous voulons être super transparents. Nous voulons vous transmettre les valeurs auxquelles nous croyons, imposer l’économie circulaire comme nouveau modèle de société. Une vision qui est notre raison d’être, celle de construire le monde de demain avec les ressources d’hier, à proximité. Nous voulons redonner du sens à notre façon de vivre et de consommer.
Nous sommes convaincus que pour subsister nous devons partager.
Nous devons partager nos ressources matérielles, les vêtements d’enfants en l’occurrence, mais également nos savoirs. Cette réflexion que nous vous partageons dans cet article est pour vous, parents consom-acteurs qui avez rejoint l’expérience Loca Loca. Mais elle est aussi pour les acteurs qui essaient tous les jours de créer une économie nouvelle aux 4 coins de la France. Au même titre que j’essaye de capitaliser sur les erreurs, réflexions et réussites des précédents acteurs présents dans l’économie circulaire, je vous partage mes réflexions et pistes d’amélioration.
 
 

Et maintenant ?

L’entrepreneuriat est le moyen le plus rapide et efficace pour apporter des solutions concrètes à un problème de société. Quand on entreprend, on teste, on évalue, on apprend, on recommence.
Nous travaillons actuellement jour et nuit, non je rigole, nous prenons soin de nous quand même. Nous travaillons d’arrache-pied disons, pour étudier le marché et mobiliser des acteurs afin de construire un modèle viable et durable que nous allons bientôt vous proposer #testandlearn. Mais parce que rien n’est possible sans vous, et que Loca Loca est d’abord une offre pour vous, nous allons bientôt solliciter votre aide. Si le coeur vous en dit, nous voulons vous impliquer dans notre réflexion. Nous décidons donc de créer la Loca Loca Family, pour vous qui souhaitez nous aider à construire l’économie de demain, viable et durable, mais surtout basée autour des Hommes et de la planète.
 
Beaucoup de belles surprises sont à venir. Pour les clients déjà engagés à l’année avec l’offre initiale, nous vous proposerons de conserver le modèle de location tel que vous y avez souscrit ou de basculer sur une autre offre, que nous vous proposerons à un prix très avantageux. Parce que vous avez une place toute particulière dans notre coeur.
 
 
➩ Alors maintenant, après ces belles paroles, il est temps de rejoindre la Loca Loca Family et de construire ce monde qui est le nôtre !