Offrir un cadeau de seconde main, CAP ou pas CAP ?

Cher Père Noël,

Cette année, j’aimerais recevoir des cadeaux qui n’ont fait de mal ni à la planète, ni aux enfants Ouïgh… – aux lutins !

À l’heure des réunions de famille et des flopées de cadeaux sous le sapin, c’est le moment d’arborer fièrement nos convictions. Cette année, place aux cadeaux éthiques ! On veut offrir de la seconde main, et on veut pouvoir l’assumer sans se cacher. Seul petit hic : toute la famille n’a pas la même opinion sur les cadeaux d’occasion.

Cadeau seconde main
Cadeaux de seconde main

En 2012, Marjolaine Bezançon a conduit une étude sur le sujet, dans laquelle elle fait ressortir 5 freins à la consommation de seconde main. Mais une opinion, ça évolue. Et pour ça, on vous a préparé tous les arguments pour sortir vos plus belles punchlines face à Tonton, qui ose encore critiquer la seconde main sans n’y connaître rien.

"Tu vas quand même pas faire porter de la seconde main à tes enfants, tu ne sais pas où ça a trainé"

Formellement appelé : Les freins sécuritaires

Vous ne voulez pas acheter de l’occasion, car vous avez peur pour votre sécurité, votre santé physique. Certes, cet ensemble trouvé en frip’ est très mignon. Mais qui sait combien d’aisselles sont passées par là avant vous ?

Alors oui, la transpi’, c’est dégueu. Mais contrairement aux dizaines de substances chimiques présentes – en moyenne – dans les vêtements neufs, ça n’est pas dangereux.

Et puis, si c’est juste ça le problème, laissez-moi vous parler de l’invention de ce cher Jacob Christian Schäffer. C’était en 1767, Jacob n’avait plus un slip propre à porter. C’est alors qu’il inventa … la machine à laver ! Simple, efficace, fait partir toute la saleté des tissus … Que demande le peuple ?

En plus, plus on lave un vêtement, plus on le débarrasse de ses substances toxiques. En suivant cette logique, on s’aperçoit que la seconde main est en fait bien plus propre que le neuf.

PS : Pas la peine de laver 3 fois vos t-shirts avant de les porter. Le lavage, c’est comme tout : ça se fait avec modération !

"On doit fouiller 10 minutes pour trouver un t-shirt cool"

Autrement dit : Les freins utilitaires

L’art de chiner, ça demande du temps et de la patience. Pourquoi ce magnifique petit chemisier n’est-il pas à ma taille ? Ça irait tellement plus vite en prêt-à-porter.

Alors oui, la seconde main ne lance pas des productions cadrées de 10000 unités par type de t-shirt. La logistique est plus difficile à organiser.

Comme les frip’, c’est souvent un peu fouillis, voici quelques conseils pour bien chiner en friperie.

Quoique, de plus en plus, on trouve des boutiques chouettes, où c’est rangé par taille, et si vous êtes chanceux, par couleur aussi ! Et si Tonton n’est toujours pas convaincu, emmenez-le donc faire un tour chez Loca Loca !

"Oui mais c'est pas pareil" - "HA"

De leur petit nom : Les freins hédonistes

Là, on touche au frein le plus irrationnel, mais pourtant bien réel. Depuis l’industrialisation, on s’est habitué à tout consommer neuf, et tout est devenu jetable. On a commencé à avoir nos petits rituels de plaisir, comme le déballage de nos achats. Vous savez, cette sensation, quand vous coupez les étiquettes, et que cette veste est enfin officiellement à vous.

Du coup, offrir de la seconde main, c’est encore plus délicat. Pensez-vous que le cadeau de Noël de votre petit neveu lui fera plaisir, même sans étiquette ?

Mais ces rituels peuvent repartir aussi vite qu’ils sont arrivés. Parce que non, en 1921, personne ne se pavanait avec les bras plein de sacs dans les rues. Il est encore temps de revoir ces habitudes, pour faire moins mal à notre planète bien-aimée.

Et puis si ce n’est que ça, vous pouvez toujours emballer votre beau cadeau seconde main dans un emballage incroyable à rendre jaloux les plus doués en packaging DIY. Avez-vous déjà entendu parler des emballages Furoshiki ? En plus d’être personnalisables à l’infini, vous pourrez les réutiliser chaque année !

Loca Loca, magasin de seconde main pour enfants et bébés - Photo par Nicolas Iniesta

"On sait pas qui l'a porté"

Dit aussi : Les freins d'expression de soi

Vous connaissez l’expression : nous sommes ce que nous portons. Les vêtements sont le reflet de qui nous sommes, de notre statut social, de notre personnalité. Au delà du style, la seconde main peut rendre cela plus difficile du fait qu’une autre personne ait déjà porté les vêtements.

Et, à moins de l’avoir achetée aux enchères, il est peu probable que vous sachiez à qui a appartenu votre belle veste d’occas’. Mais, ce frein, c’est aussi une belle opportunité de porter vos valeurs. C’est aussi l’occasion de sortir du lot des collections produites à la chaine, qui se distinguent peu d’une marque de fast fashion à l’autre.

Au final, est-ce que porter le pantalon de la dernière collection tendance permet vraiment de s’exprimer mieux qu’en portant une pièce unique de seconde main sélectionnée avec soin ?

Et si vous vous sentez d’attaque, vous pourrez également leur répondre qu’il vaut mieux que cette salopette ait appartenu au petit Renaud, plutôt qu’elle ait été fabriquée par un enfant de son âge dans une usine.

"Mon fils ne veut que de la seconde main... Mais il a une bonne situation, vous savez ! Il gagne très bien sa vie, et sa femme aussi !"

Nommé : Les freins d'affiliation

Avant, la seconde main était l’habit du pauvre. Le prix des vêtements était trop élevé pour certains. Nos arrières grand-parents ont grandi avec cette association, qu’ils ont transmise à leurs enfants, qui l’ont transmise à leurs enfants … Bref, la seconde main avait quelques problèmes d’image.

Et c’est même allé jusqu’à la pop culture ! On en a un bon exemple dans Harry Potter, quand Malfoy se moque des vêtements d’occas’ de Ron.

Si, aujourd’hui, acheter nos vêtements d’occasion commence à être accepté, qu’en est-il des cadeaux de seconde main ? Souvent, on a peur de passer pour le radin du groupe. Surtout pour un cadeau d’anniversaire, ou un cadeau de Noël : ces fêtes sont très ritualisées, et on fait face à un groupe qui va pouvoir juger notre cadeau.

Mais en fait, tout est dans la tête. Les moeurs changent avec le temps et les générations. Aujourd’hui, c’est l’heure d’abattre ce stigma, pour que les futures générations ne se posent même plus cette question d’image.

Alors maintenant qu’on a mis les mots dessus, vous pourrez dire : « Je sais que t’offrir un cadeau est un acte chargé socialement, mais c’est parce que je t’aime que je t’offre de l’occas’ ! »

La première étape pour régler un problème, c’est d’en connaître la cause. Maintenant, vous connaissez les principaux freins de certaines personnes autour de la seconde main. Vous avez même tous les contre-arguments en main, pour expliquer à Mamie que la seconde main, c’est une question d’avenir, et non de passé !

Et soyons francs : faire l’autruche au sujet de la cause environnementale, ça n’est vraiment pas un cadeau pour nos enfants. Alors, cette année, pour Noël, pensons futur, pensons seconde main !

Car le plus beau, dans un cadeau, c’est la préservation de l’avenir de celui qui le reçoit. ❤️

Écrit par Lucie le 24 Novembre 2021